Je ne sais que penser trop genereuse amie de la Silhouette que vous avez eu la grace de m’envoier par mon ami Roederer. Il serait trop de presomption de ma part d’ajouter foi a ce beau conte de Fées qu’il m’a fait ladessus, cependant je n’ose m’avouer la verité et me priver du plus beau songe que j’eusse eu de ma vie.
Permettez que je m’en tienne entièrement a votre bonté et qu’en le prolongeant autant qu’il me sera possible j’en profite pour vous faire une infinité de remercimens accompagnés des plus vives instances, parce que cette illusion fait tant de bien a mon imagination qu’elle fait honneur a votre cœur, de ne pas m’en detromper
Permettez que je m’en tienne entièrement a votre bonté et qu’en le prolongeant autant qu’il me sera possible j’en profite pour vous faire une infinité de remercimens accompagnés des plus vives instances, parce que cette illusion fait tant de bien a mon imagination qu’elle fait honneur a votre cœur, de ne pas m’en detromper
tournez
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Cependant permettez de vous dire, que cette copie que j’ai reçue de ladite silhouette destinée a Mr. Lavater, et apparemment tirée par vous même, n’a pas si bien reussie a Roeder, a qui je m’imagine vous avez donné la permission de la faire chez vous, que peut être le modèle n’a pu manquer de
reuissir a vous. Il en
a manqué tout a fait ce beau contour qui reellement est fait le desespoir de tous les peintres et graveurs, même du sieur Baley dont Lavater ne peut assez blamer le trop peu de precision, ce qui fait que la veritable expression des traits les plus signifians ne se fasse que deviner, et soit laissée plutôt a la pensée qu’exposée aux yeux3
Daignez ma très respectable amie presenter les continuations ajointes du Mercure allemand a Madame de Oberkirch, c’est Monsieur Wieland, l’editeur et auteur du poëme Liebe um Liebe, qui se recommand par lá a ses bonnes graces et tache de lui marquer le profond estime que tout ce qu’il a entendu dire d’elle, surtout de son ami Goethe, lui ont inspiré. Il seroit on ne peut plus satisfait de l’approbation d’une aussi parfaite connoisseuse, dont la nouvelle qu’assurément il merite, seroit la plus douce recompense d’un des premiers hommes de notre siècle. Ayez la grace de m’en faire part et de m’honorer enfin de vos ordres, si quelque chose de brochures Allemandes qui n’auroient pas encore percés jusqu’a Strasbourg pouvoit meriter votre attention. Ce seroit là la première faveur d’un sort qui jusqu’ici n’a cherché qu’à m’opprimer.
Lenz
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Faites a Madame de Oberkirch, si elle veut bien le permettre, et si heureusement pour moi elle se ressouvienne encore de mon nom, mes très humbles respects. Ce que je vous prie aussi de ne pas oublier chez Madame Votre mere et Mademoiselle votre soeur.
Encore une fois daignez me dire si quelque nouveau livre ou quelqu’autre nouveauté pouvait exciter la curiosité de Me: de Oberkirch Pour des nouvelles de Mlle. sa Cousine je n’en saurois actuellement lui donner excepté qu’elle soit allée avec Me: la Duchesse regnante a Belvedere sa maison de campagne; le Duc est a Illmenau; ou j’espere bientot le voir après avoir encore joui quelques semaines des douceurs de la solitude.