Oserois je enfin Madame accompagner l’incluse du Sieur Wieland de quelques lignes seulement pour vous temoigner l’excès de joie et de satisfaction que j’ai du ressentir en Vous voyant assez de confiance en moi de me faire le porteur de la lettre que Vous aviez la bonté de lui envoyer. Jamais je ne vis un homme etonné comme il le fut de ce que Vous aviez l’assurer que j’etois Vous en fit juger si preferablement. Je pense que le meilleur moyen de le tirer de son aimable erreur sera de vouloir bien me permettre que je continuasse de Vous envoyer tous les suites du Mercure; moins de
voulu
faire tant de cas d’un rien come il s’exprimoit et il vous prie d’agreer la continuation de ce petit poëme que votre approbation que reellement sa modestie l’a jusqu’ici empeché d’en sentir tout le prix
lui rend d’autant plus cher a lui même. En vain j’ai en cela parfaitement
de Votre avis et que je le prenois tout de bon pour son chef d’oeuvre, il s’obstina d’autant
plus toujours
que ce n’etait qu’indulgence de votre part qui en même temps
et quoiqu’
il m’ait defendu de Vous dire
qu’ils viennent de lui afin que Vous ne
les critiquiez plus
trop favorablement, je ne saurois Vous le
deguiser, mais je Vous supplie en meme tems au grace de vouloir bien
m’instruire par complaisance
avec le circonspection
possible sans la moindre circonspection
et sans aucun
egard pour lui vous fiant tout a ma discretion, de tout
ce que peut-etre Vous pourriez trouver a desirer en quelques endroits de son poëme, je ne manquerai pas de lui donner la dessus des avis dont il profitera. Pardonnez Madame cet enthousiasme pour mon ami et pour cet art ou
de jour en jour il fait de nouveaux progres, quoique on auroit cru qu’il en avoit deja atteint le sommet plus haut degré
de perfection. Plut a Dieu que dans le siecle ou nous sommes Vous ne voudriez pas etre inexorable d’accorder a l’Enthousiaste le plus desinteressé et le plus circonspect le bonheur de Vous admirer autant dans Vos lettres qu’il a fait jusqu’ici dans une Silhouette quoique mal copiée cependant suffisante a rapeller a son imagination les momens adorables ou il a joui du bonheur de Vous voir et de Vous entendre Mr. Lav. m’a depuis ce tems envoyé une autre de sa physiognomie, dont je ne suis pas non plus satisfait. Et quel artiste pourroit rendre ces traits qui a la verité ne sont que pour la pensée. J’ose esperer que Vous ne voudriez pas Vous facher de la delicatesse de mon ami W. que je viens de trahir en le decouvrant, ayez la grace de ne pas me rendre la pareille et d’agreer ce que je viens proposer de sa part desus